Progrès et obstacles en Europe

(D'après les rapports de 147 organisations, écoles et programmes universitaires, d'Albanie, Allemagne, Arménie, Autriche, Belgique, Biélorussie, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Chypre, Danemark, Espagne, Fédération de Russie, Finlande, France, Géorgie, Grèce, Hongrie, Irlande, Israël, Italie, Lettonie, Lituanie, Malte, Monténégro, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, République tchèque, Roumanie, Serbie, Suède, Suisse, Turquie et Ukraine.)

PROGRÈS: Les organisations pour la culture de la paix sont en pleine croissance en Europe, comme le montrent les rapports des réseaux nationaux pour la paix et la culture de la paix en Autriche, France, Italie, Grèce, Pays-Bas, Norvège et Espagne, qui représentent des centaines d'organisations, ainsi que ceux du réseau européen pour l'éducation à la paix formé par huit pays. Des rapports de mobilisations urbaines ont été envoyés par les villes d'Osnabrück (Allemagne), Donostia/Saint-Sébastien (Espagne), Malakoff (France), Rotterdam (Pays-Bas), ainsi que par des communes d'Italie et de Norvège.

Beaucoup s'accordent sur le constat que la direction est assurée par la société civile: "Au niveau de la politique des pays, des organisations interÉtats et de la politique internationale, non. Le nombre de conflits armés et de tensions commerciales, l'économie criminelle et la violence dans les relations sociales ne font qu'augmenter. Seules les organisations pacifistes et humanitaires, ainsi que la population en général, ont intensifié leur présence et leurs activités en faveur de la paix, de la non-violence et de la résolution des conflits." Beaucoup se plaignent du fait que les gouvernements nationaux et les organismes des Nations Unies n'ont pas collaboré à la Décennie pour une culture de la paix et de la non-violence.

L'enseignement et la pratique de la médiation et d'autres formes de résolution de conflits sont en essor. L'éducation à une culture de la paix a été systématiquement introduite dans les systèmes scolaires en France, en Grèce, en Espagne et dans la formation des enseignants en Suède. Une organisation explique: "Dans notre mission quotidienne de promouvoir une éducation à la paix et l'étude des conditions pour la construction de la paix, nous avons observé une véritable progression - qui, bien que lente, n'en est pas moins réelle - d'une culture de la guerre vers une culture de la paix. [...] Dans les écoles, les lycées et les universités où nous intervenons par le biais d'expositions, de présentations, de conférences et de débats, nous constatons un intérêt croissant pour les thèmes de la solidarité et du développement mondial, qui sont des moyens importants pour parvenir à la paix." Ces actions sont parfois décrites comme un "travail de fourmis".

Beaucoup d'organisations européennes se spécialisent dans la solidarité avec les anciennes colonies et avec d'autres pays du Sud. Par exemple, une organisation norvégienne a remporté une victoire importante dans ses efforts pour aider le peuple autochtone du Brésil à conserver la forêt tropicale. Une autre "met en relation 190 communautés norvégiennes avec des partenaires du Sud". D'autres organisations se consacrent à la protection des droits des émigrés en provenance de pays du Sud.

En Europe de l'Est, le mouvement pour une culture de la paix est peu important mais bien réparti dans toute la région. Ainsi, par exemple, en Russie, des rapports ont été envoyés par

des écoles, des clubs, des chaires universitaires et des instituts de l'UNESCO qui continuent à oeuvrer pour une culture de la paix à Naltchik (nord du Caucase), Kazan (Tatarie), Oufa (Bachkirie), Novossibirsk (Sibérie), Toula et Volgograd, ainsi que dans les villes principales, à Moscou et à Saint-Pétersbourg. Leur travail avait déjà été fructueux lors de la coopération du gouvernement russe avec l'UNESCO pendant l'Année internationale de la culture de la paix, mais depuis la fin de cette coopération, elles ont perdu le soutien national. Dans les autres pays d'Europe de l'Est, il existe beaucoup de rapports de Life-Link Friendship Schools.

D'importants programmes sont mis en oeuvre en faveur d'une éducation au désarmement, en Albanie, et, en Bosnie-Herzégovine, en faveur d'une éducation pour une culture de la guérison et de la paix dans 108 écoles, avec la participation de 80.000 élèves, 5.000 enseignants et 150.000 parents d'élèves.

Les femmes jouent un rôle essentiel, comme l'explique l'association Women in Black (Belgrade, Serbie): "Dans toute la région, les femmes ont lancé des échanges et des dialogues de paix entre femmes activistes, elles ont émis de nombreuses proclamations réclamant la fin de la guerre et de la violence." Il convient de mentionner les rapports des ONG Women for Development (Arménie), d'Education of Mothers for the Education of Children (Hongrie) et de la section russe de la Women's International League for Peace and Freedom.

OBSTACLES: La "guerre contre le terrorisme" est considérée comme une façon de détourner l'attention des efforts réalisés en faveur de la paix: "Dans le monde, la peur a été utilisée pour mettre les esprits sur le pied de guerre, alors qu'en réalité, nous avons besoin de ces esprits pour paver le chemin vers la paix." Au-delà des effets psychologiques, il y a parfois également des conséquences politiques, comme l'explique un groupe: "Nous nous étions proposé de créer un groupe de pression gouvernemental à l'Organisation des Nations Unies de New York [...], mais nos collègues ont été retenus à l'aéroport par des 'contrôles aléatoires de bagages' jusqu'au décollage de l'avion, et on ne leur a pas remboursé leur billet. La plupart de nos collègues se sont alors retirés dans une structure d'activités de moindre importance." De nombreuses organisations voient un obstacle dans le manque d'intérêt des médias pour leurs activités et dans l'importance qu'ils donnent aux nouvelles concernant la violence.

Les organisations non gouvernementales tout comme les écoles et les universités éprouvent des difficultés pour obtenir, d'une part, un financement pour leur travail en faveur d'une culture de la paix et, d'autre part, l'autorisation de consacrer du temps à l'éducation à la paix dans les écoles. De plus, il existe des problèmes de priorités dans l'éducation: "[Les écoles de notre pays] sont obsédées par des examens absurdes [...] et ne consacrent pas assez de temps aux questions sociales, au dialogue et au débat, à visiter et à recevoir des visiteurs d'autres cultures."

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